La réforme des retraites repousse l’âge de départ et bouleverse les trajectoires professionnelles. Chaque année, plus de 100 000 actifs de plus de 60 ans se lancent dans une nouvelle carrière, selon la Dares. Contrairement aux idées reçues, certains secteurs recrutent volontiers des seniors, notamment pour leur expérience et leur fiabilité.Des dispositifs spécifiques existent pour accompagner ces transitions tardives. Bilans de compétences, formations courtes, portage salarial ou création d’entreprise : les options se multiplient, portées par la demande croissante d’accompagnement et par l’évolution de la législation sur l’emploi des seniors.
Travailler après 60 ans : un nouveau départ plus courant qu’on ne le pense
En 2021, selon l’INSEE, 56% des 55-64 ans occupaient un emploi en France. La courbe grimpe franchement : en sept ans, près de huit points de plus sur ce créneau d’âge. Le marché du travail, secoué par les réformes et les mentalités qui évoluent, fait désormais place à la présence massive des seniors. Les motivations à rester en activité ? Plurielles, elles mêlent attentes financières, transmission d’expérience, quête de sens ou tout simplement besoin de rester partie prenante du collectif. Rester actif donne aussi parfois cette impression de garder sa place dans le jeu.
Sur le terrain professionnel, le mot « senior » s’applique dès 50 ans franchis. Ce statut ouvre aujourd’hui des voies inédites : le cumul emploi-retraite fait aujourd’hui partie des solutions installées, compatible avec la reprise ou le maintien d’une activité. De nouvelles formules comme le portage salarial ou le CDI senior s’installent aussi. Mais le passage reste serré : la reconversion, même tardive, reste marquée par les difficultés liées au chômage.
Voici deux aspects qui facilitent l’accès à des métiers nouveaux :
- Expérience et compétences transférables : véritables tremplins pour se projeter vers d’autres fonctions, y compris sans repartir à zéro.
- Certains secteurs, services à la personne, conseil, formation, marquent une nette préférence pour les profils chevronnés.
Les données Dares le confirment : la vigueur du marché du travail des seniors s’explique par la confiance accordée à leur expertise. Nombre de PME choisissent de s’appuyer sur ces atouts pour dynamiser leur développement et bénéficier d’une transmission de savoir-faire.
Quels freins et quelles motivations pour changer de voie à l’aube de la retraite ?
Une fois passé le cap des 60 ans, la question d’un virage professionnel s’impose. Bien loin d’être marginal, ce choix reste parsemé d’obstacles réels. Les discriminations liées à l’âge résistent dans certains recrutements. Impossible d’ignorer les clichés sur une possible difficulté à s’adapter, le niveau de rémunération ou la maîtrise des outils numériques.
Mais, en face, les arguments pour rebondir sont tangibles. Expérience, capacité de recul, maturité relationnelle : ces ressources font mouche auprès de bien des employeurs. Articuler emploi et retraite séduit par sa souplesse, de même que les solutions comme le CDI senior, le portage ou le micro-entrepreneuriat. Plusieurs chemins s’offrent à qui veut retrouver de l’allant, façonner son propre projet, voire réaliser une volonté ancienne trop longtemps remise à plus tard.
Voici les raisons principales qui encouragent à franchir le pas :
- Envie d’autonomie : le statut de micro-entreprise attire celles et ceux qui désirent piloter eux-mêmes leur temps et leurs choix.
- Goût du partage : transmettre, accompagner, former : autant de façons d’honorer un parcours déjà riche et d’y donner du prolongement.
- Souhait de stabilité : le CDI senior, possible après 57 ans, apporte une sécurité recherchée par beaucoup à ce stade du parcours professionnel.
Réussir sa reconversion après 60 ans, cela commence par faire l’état des lieux, reconnaître ses ressources et explorer les formules qui épousent ses envies. Oser regarder en face ce que l’on veut vraiment et trouver la cohérence entre sa trajectoire et ses besoins d’aujourd’hui.
Panorama des secteurs et métiers qui accueillent volontiers les seniors
En France, les PME demeurent la locomotive du recrutement des plus de 60 ans, alors que les grands groupes tendent à avancer plus prudemment. Les secteurs tournés vers la transmission, le conseil ou la relation directe s’ouvrent volontiers aux seniors : stabilité, expérience pratique et tempérament adaptable font la différence.
Quelques exemples concrets de secteurs qui misent sur la maturité :
- Services à la personne : aide à domicile, accompagnement de personnes vulnérables ou garde d’enfants bénéficient du sens du contact et de la patience gagnés avec l’expérience.
- Conseil, coaching, formation : tous les métiers liés à la transmission et au conseil valorisent l’expertise solide, parfois dans l’indépendance ou via des organismes spécialisés.
- Comptabilité et gestion : la maîtrise des procédures ainsi que la rigueur issue d’années de pratique restent recherchées, tant par les petits cabinets que par de plus grandes structures.
- Hôtellerie-restauration, commerce, distribution : ces milieux tirent parti de la polyvalence, de la gestion du stress et de la disponibilité dont font preuve de nombreux seniors.
- Franchise et création d’entreprise : nombreux sont ceux qui lancent un projet ou reprennent une activité, épaulés par un carnet d’adresses solide et une expérience à faire valoir.
Le numérique aussi commence à s’ouvrir : pour ceux qui investissent dans une formation spécifique, les métiers liés au support client, à la gestion de projet ou à l’accompagnement du changement digital restent accessibles. La soif continue d’apprendre, et le courage de se former, sont désormais de vrais arguments.
Les clés pour réussir sa reconversion professionnelle après 60 ans
Démarrer une reconversion professionnelle passé 60 ans implique d’abord de bien se connaître et d’organiser sa démarche. Première étape, le bilan de compétences s’impose : il permet de passer au crible son parcours, d’identifier ses savoir-faire transférables et de cerner ce qui donne envie d’avancer. France Travail, l’Apec ou des cabinets privés accompagnent cette réflexion, avec fréquemment une prise en charge financière à la clé.
Choisir ensuite une formation adaptée peut vraiment permettre de basculer vers un nouveau métier. Le Compte Personnel de Formation (CPF) constitue un levier pratique pour acquérir de nouvelles aptitudes ou valider une certification reconnue. Pour changer vraiment de domaine, le Projet de Transition Professionnelle (PTP) offre un cadre pour s’investir dans un apprentissage rémunéré. Plusieurs organismes, comme l’Ifocop, et des dispositifs tels que les programmes « Atout Senior » et « Nouveaux horizons » se concentrent sur le public senior, avec un objectif : accompagner au retour vers l’emploi qualifié, avec une ambition affichée de 1 000 personnes formées d’ici fin 2025 et un taux de retour à l’emploi de 80 %.
L’accompagnement et le réseau constituent par ailleurs deux ressorts majeurs. Se faire épauler, rencontrer d’autres professionnels, valoriser sa trajectoire auprès des décideurs ou repérer les offres adaptées : ces démarches nourrissent la relance. Le parcours d’Arminda Ramos de Pinho, par exemple, démontre qu’en activant formation, accompagnement et réseau, il est possible de rapidement convaincre un employeur et d’intégrer une société de taille nationale, même en alternance après 60 ans.
Poursuivre en alternance ou opter pour le portage salarial figurent aussi parmi les voies à étudier : ces formules autorisent une nouvelle activité tout en conservant autonomie et accompagnement. La validation des acquis de l’expérience (VAE), enfin, transforme l’ancienneté accumulée en diplôme, renforçant ainsi la crédibilité pour un employeur… ou pour se lancer en solo.
Après 60 ans, le marché du travail n’a plus vraiment de frontières fixes. L’enjeu, c’est d’oser tenter le pas suivant. Une bifurcation qui, qui sait, pourrait bien s’avérer la plus enthousiasmante d’un parcours.
